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chap. 1er 
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PRODUITS ET PROFITS DE LA LAITERIE.


d’autres où le produit en lait d’une vache ne s’est peut-être pas élevé à 10 fr.; et nous pouvons ajouter aux observations du savant agronome, qu’il est même des cas où la laiterie peut ne laisser aucun produit net, et constituer le fermier en perte.

§ 1er . — Produit de la laiterie.

I. Lait. La quantité de nourriture que consomme une vache à lait dépend de la race, de l’âge, de l’individu, etc., et ne peut être déterminée d’une manière générale, Pour une vache adulte, de taille moyenne, la ration la plus convenable paraît être de 9 à 10 kil. (18 à 20 liv.) de bon foin sec, ou l’équivalent en fourrage vert, graines, tourteaux, tubercules, résidus de brasseries ou distilleries, etc. En partant de cette donnée, fournie par l’observation, nous avons réuni dans le tableau suivant la quantité de lait fournie par des vaches de divers pays, soumises à des régimes très-variés, de tailles et de races fort différentes, mais généralement consistant en animaux de choix, en bonne santé, et dirigés avec intelligence. Nous avons à ce tableau ajouté une colonne qui fait connaître le nombre de litres fournis par chaque espèce de vaches pour 100 kilog. de foin sec consommé, ou pour toute autre nourriture équivalente, avec indication de l’agronome à qui nous empruntons ces documens.

  Quantité de lait
fourni
en une année
en litres.
Litres de lait
fournis
pour 100 kil.
de foin sec
consommés.
Belgique (environs d’Anvers), vaches hollandaises de haute taille ; bonne nourriture à l’étable avec des soupes, équivalant approximativement à 13 kilog. de foin sec (Schwerz). 2557 .60 52.08
Belgique, en moyenne, vaches de tailles diverses ; pâturages gras, bonne nourriture à l’étable, équivalant à 12 kilog. 40 de foin (Schwerz). 2254 49.55
Saxe (Moosen), vaches de Voigtland du poids vivant de 235 à 280 kil.; nourriture à l’étable, verte en été, variable en hiver, égale en moyenne à 9 kil. 40 de foin (Dr Schweitzer). 1527 .20 44.51
Autriche (Carinthie), vaches de Murzthaler de 375 kil. poids vivant ; bonne nourriture à l’étable (Burger). 1564 42.85
Hollande (dans le bas pays), vaches de grande taille ; riches pâturages d’été et bonne nourriture d’hiver à l’étable, estimée à 12 kil. 40 de foin (Schwerz). 1932 42.45
Prusse (Mœglin), vaches de race indéterminée ; nourriture à l’étable, verte en été et égale à 10 kil. de foin sec ; sèche en hiver et égale à 9 kil. 40 de foin (Thaer). 1505 .50 41.82
Suisse (Hofwyll), vaches de la plus grosse taille, de 600 kil. et plus poids vivant ; nourriture à l’étable à discrétion, évaluée à 17 kil. 5 de foin sec (d’Angeville). 2662 41.00
Suisse (Hofwyll), vaches de 600 kil. poids vivant ; nourriture à l’étable équivalant à 14 kilog. foin sec (Schwerz). 2097 .60 40.75
France (Lompnès, Ain), vaches de petite taille, de 275 kil. poids vivant ; nourriture à l’étable, bon foin à raison de 6 kil. 31 par jour (d’Angeville). 915 39.60
France (Roville, Meurthe), vaches du pays, de moyenne taille ; nourriture, 10 kil. de foin par jour (Mathieu de Dombasle). 1416 38.80
Saxe (Altenbourg), vaches du pays, de forte taille ; nourriture à l’étable équivalant à 14 kil. de foin (Schmalz). 1950 .40 37.80
Suisse, terme moyen, vaches de 450 à 500 kil. poids vivant ; nourriture à l’étable, 12 kil. 50 de bon foin (d’Angeville). 1700 37.30
 
Moyenne 
1840 42.43

D’après ce tableau on voit : 1o  que, terme moyen, une vache choisie, bien soignée et nourrie convenablement au pâturage ou à l’étable, quelle que soit sa race ou sa taille, doit rendre environ 40 lit. de lait pour 100 kilog. de bon foin sec consommé ou l’équivalent en autre nourriture ; 2o  qu’une vache de taille moyenne, bonne laitière et bien nourrie, doit donner environ 1800 lit. de lait pendant le cours de l’année. Or, on sait que, terme moyen, les vaches ne fournissent guère du lait de bonne qualité que pendant 40 semaines ou 280 jours ; ce qui donne 45 lit. par semaine ou près de 6 litres et demi par jour.

Cette quantité de lait fournie journellement varie beaucoup avec le pays, le climat, la nourriture, la race et surtout la saison. Thaer, par exemple, estime que les vaches des environs de Berlin, et dans les établissemens ruraux les mieux dirigés, ne donnent que 4 lit. 68 de lait par jour. Les vaches des environs de Londres en moyenne en fournissent 5 lit.; et, suivant M. Grognier, celles des montagnes du Lyonnais, qui ne reçoivent qu’une chétive nourriture en hiver, 2 lit. seulement, quoique de race bressane. Dans d’autres localités les vaches rendent moins encore quand elles ne reçoivent pas des soins attentifs et une nourriture saine et abondante. D’un autre côté, dans les pays les plus favorables à la santé de ces animaux, dans ceux où on les choisit de bonne race et féconds, où on leur donne une nourriture abondante et de bonne qualité, et où ils sont dirigés et soignés avec sagacité, on obtient, surtout dans la saison la plus favorable, des produits bien supérieurs. Les meilleures vaches laitières des environs de Paris, Lyon, Londres, etc., donnent par jour 8 à 10 lit. de lait au moins ; celles de la Campine, 14 à 15 (Schwerz). Les fermiers flamands, qui procurent à leurs vaches en hiver une bonne nourriture cuite, ou des résidus de brasseries en quantité convenable, et de bons pâturages en été, obtiennent de chacune 18 à 21 lit., et au-delà (Aelbroeck), M. d’Angeville cite des vaches suisses qui donnent 22 lit., et M. Aiton assure que les bonnes vaches hollandaises, du poids de 275 à 350 kil., donnent 10 à 12 lit. 2 fois par jour, et davantage quand elles sont nourries avec des résidus de distilleries. Les bonnes vaches normandes du même poids donnent, dans les bons herbages de la vallée d’Auge, 24 lit. et au-delà depuis le commencement de mai jusqu’à la fin de juillet, et 16 lit. depuis cette