Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/306

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sans cesse. Je crois l’adage vrai sous ce rapport ; mais il ne faut pas confondre ici célérité avec économie. Pour se convaincre de la perte qu’on éprouve par un fanage trop fréquemment répété, on n’a qu’à prendre 20 livres de foin à moitié sec, et le faire secouer à plusieurs reprises consécutives, on ne trouvera plus que 16 à 17 livres.

La préparation du foin au râteau est longue et assez dispendieuse, puisque, s’il a fallu un faucheur pour couper une superficie donnée, on calcule qu’il faudra quatre femmes pour faner. On a imaginé plusieurs machines pour faire exécuter cette opération par des animaux. L’instrument le plus parfait de ce genre est le râteau tournant employé à la ferme de Holkam. Il y en a de deux espèces.

La première espèce, et la plus simple (fig. 395), se compose d’un châssis, destiné à porter l’essieu des roues. Ici l’essieu n’est pas fixe comme dans les véhicules ordinaires. Il tourne sur ses coussins, et entraine dans son mouvement de rotation les roues et le râteau circulaire. Ce râteau est formé d’un prisme de six à huit pans, lequel fait corps avec l’essieu. Chacun de ces pans est percé de trous où s’engagent les chevilles qui servent de dents.

La seconde espèce (fig. 396 ) est beaucoup plus compliquée, mais le travail en est plus parfait. Ce n’est pas moins une machine de luxe. Elle fut, dit-on, inventée par Salmon, de Woburn. Comme la précédente, elle se compose d’une paire de roues qui ne sont point fixées à l’essieu. La face intérieure du moyeu d’une de ces roues est armée d’une surface circulaire dentée et donnant le mouvement à une lanterne qui, elle-même, fait corps avec l’essieu du râteau circulaire. « Celui-ci, dit un auteur, se compose d’un grand tambour ou hérisson pouvant s’élever ou s’abaisser à volonté, et formé de 8 râteaux particuliers à dents de fer recourbées. Le hérisson est assujetti à deux mouvemens, l’un de progression dans le sens horizontal, et l’autre de rotation autour de son axe. Cette machine, traînée par un cheval marchant d’un pas ordinaire, c’est-à-dire parcourant 200 pieds par minute, fait faire aux roues 20 à 21 tours, et au hérisson ou râteau continu 60 à 63 tours dans le même temps ; ce qui fait, à peu de chose près, pour celui-ci, un tour par seconde. Alors la vitesse des extrémités des dents est de 17 à 18 pieds par seconde, vitesse prodigieuse, qui projette le foin à une grande hauteur. Ainsi cette machine peut éparpiller et retourner le foin sur une étendue de 10 perches en moins de 4 minutes, ou d’un arpent en 40 minutes » (1 hectare dans 1 heure 40 minutes). Les dents, en s’approchant du sol, s’abaissent et raclent, pour ainsi dire, la terre ; ce qui remplit parfaitement l’office du râteau. Jusqu’à présent l’usage de ces machines est très-restreint. Nous en avons donné les figures, non pas pour en conseiller l’emploi, mais pour engager les cultivateurs à les imiter et à en simplifier le mécanisme.

Quel que soit l’instrument qu’on adopte pour retourner le foin, il est essentiel que cette opération soit faite avec activité et avec beaucoup de soin. Lorsque le foin est en couches un peu épaisses, les faneurs ne font pas plonger le râteau jusqu’à terre, de sorte que la couche inférieure n’est jamais ramenée à la superficie pour profiter de la chaleur des insolations.

Dès que le chef de main-d’œuvre s’aperçoit que le soleil descend sur l’horizon, et qu’il ne reste plus que le temps suffisant