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chap. 17e.
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DES POMMES-DE-TERRE.


chez les peuples qui se sont acquis une juste célébrité dans la culture des pommes-de-terre.

Pommes-de-terre saxonnes.

La grosse pomme. Tiges creusées par 3 sillons longitudinaux ; ailes décurrentes peu prononcées ; feuilles cordiformes, mais spatulées avant la floraison ; fleurs très-blanches, en grosses houppes ; tubercules ronds et aplatis. C’est une des plus productives ; les tiges s’élèvent à 5 pieds.

La faine. Ce qui la distingue, c’est qu’après avoir été gelée, elle peut encore servir à la reproduction.

La corne bleue. Fécule bleue passant au violet par la cuisson.

Pommes-de-terre néerlandaises.

La jaune d’août (Jemmapes). Très-hâtive ; tubercule oblong ; se cultive bien en seconde récolte.

Le bloc jaune (frise). Très-productive et très-grosse.

La neuf-semaines. Parcourant en très-peu de temps la période de sa végétation.

La bocine ou supérieure. De très-bonne garde.

Pommes-de-terre anglaises.

Ox noble. Tardive, productive et vigoureuse.

La Cantorbery. Tardive ; tubercule gros, jaune, long et lisse.

La champion. Belle espèce ; tubercule gros et jaune.

Pommes-de-terre suisses.

Pommes-de-terre de Rohan. Nous devons encore citer cette variété toute nouvelle, découverte, par M. le prince de Rohan, près Genève, qui l’a communiquée à MM. Jacquemet-Bonnefond, pépiniéristes à Annonay, lesquels en ont adressé aux Sociétés d’agriculture et d’horticulture de Paris. Ses qualités ne paraissent pas très-bonnes, mais elle produit immensément ; ses tiges atteignent 6 à 7 pieds, et ont besoin d’être soutenues.

Ce n’est pas tant le volume ni le poids absolu qu’il faut rechercher dans le choix d’une variété de pommes-de-terre, que la quantité de substance sèche qu’elle contient ; car c’est cette dernière partie seule qui est alimentaire, le reste n’est que de l’eau. Koerte, qui s’est beaucoup occupé de ce travail, et qui a examiné sous ce rapport 55 espèces de pommes-de-terre, a trouvé une grande différence dans la proportion de substance sèche contenue dans la même espèce de pommes-de-terre, suivant qu’elle avait été récoltée à des degrés différens de maturité. En résumant toutes les données que lui ont fournies ses recherches, on voit que des tubercules arrivés à une maturité complète ont réalisé une proportion de substance sèche qui va de 30 à 32 1/2 p. 100, tandis que ceux dont la maturation n’avait pas été achevée ne pesaient, après complète dessiccation, que 24 p. 100 du poids primitif. 100 parties de tubercules ordinaires contiennent, en moyenne, 24,89 p. 100 de matière solide ; et dans celles-ci se trouvent compris 11,25 p. 100 de fécule.

Pour apprécier avec assez d’exactitude la quantité de matière solide que contient une espèce de pomme-de-terre, on en prend plusieurs tubercules qu’on débarrasse de toute terre adhérente. On les pèse et on note le poids. On les coupe en tranches et on les fait sécher dans un lieu dont la température soit de 25 à 30 degrés. Lorsqu’après les avoir pesées à plusieurs reprises, à des intervalles d’une heure, ils n’éprouvent plus de diminution, on note le poids et on établit la proportion.

Le choix et la convenance des variétés sont encore subordonnés aux circonstances dans lesquelles on se trouve. En général, on peut se guider d’après les principes suivans : 1° Dans les terrains argileux, préférer les variétés hâtives et dont les racines s’étendent peu. — 2° Dans les terres sablonneuses et chaudes cultiver les variétés tardives et dont les tubercules descendent à une grande profondeur. — 3° Dans les marais froids, on cultivera les variétés hâtives et dont les tubercules iront chercher leur nourriture à une grande distance. — 4° Pour la consommation des villes, on peut cultiver des variétés peu productives à la vérité, mais qui, en raison de leurs qualités pour les apprêts culinaires, atteignent un prix élevé. Elles seront hâtives ; leur périphérie sera lisse, sans anfractuosités, afin qu’on puisse les peler sans déchet considérable et sans perdre beaucoup de temps.

§ III. Du sol et du climat.

Il s’en faut de beaucoup que tous les terrains, que toutes les positions agricoles permettent de cultiver la pomme-de-terre sur une grande échelle. Cette plante produit d’abord des tubercules qui n’ont qu’une très-petite dimension, et sont très-mous. Si, dès leur formation, ils rencontrent une terre dure, sèche, imperméable aux influences atmosphériques, leur accroissement est contrarié ; ils se difforment. Il faut donc placer les pommes-de-terre dans un champ qui soit assez poreux pour permettre aux produits de se multiplier et de se développer. Un sol argileux se laisse difficilement travailler pendant l’été ; or, celui qui a lu attentivement ce que nous avons dit de l’influence des façons d’entretien sur les récoltes sarclées, n’hésitera pas à renoncer à la culture de cette plante dans une situation où il serait dans l’impossibilité de donner ces menues cultures. Une autre raison vient encore confirmer ce principe : on sait que dans un sol où se trouve une forte portion d’argile, les plantes mûrissent bien plus tard que dans ceux où domine la silice. Ce même terrain demande à être, à l’automne, ensemencé plus tôt que les autres, parce qu’une fois les pluies arrivées, la charrue ne peut plus y fonctionner. Si l’on y mettait des pommes-de-terre, elles n’atteindraient un degré suffisant de maturité qu’à une époque si avancée, que les travaux d’ensemencement ne seraient plus possibles.