coryza et de l’angine ordinaires. — On tient
ses causes pour inconnues ; mais il est probable
que la dentition du poulain, en opérant
un travail de fluxion à la tête, doit singulièment
prédisposer ces animaux aux inflammations
de la membrane nasale, des glandes et
des ganglions voisins ; qu’à cette cause prédisposante
viennent s’ajouter l’action des vicissitudes
atmosphériques, le passage brusque du
chaud au froid, la suppression de la sueur, etc.,
et il n’en faudra pas davantage pour faire développer
la gourme, ou au moins une maladie
fort analogue. — Quand la gourme se manifeste,
il y a tristesse, dégoût, perte d’appétit,
rougeur du nez, jetage d’une matière plus ou
moins opaque, empâtement de l’auge, tuméfaction
de ses ganglions, fièvre plus ou moins
forte, difficulté d’avaler et quelquefois de respirer,
yeux chassieux. Plus tard la tuméfaction
de l’auge augmente, se ramollit vers le
centre, s’abcède et fournit un pus plus ou
moins abondant ; puis la guérison survient. —
Mais l’affection n’a pas toujours cette régularité
et cette bénignité ; l’inflammation peut
être plus intense, et alors la tête est plus pesante,
plus chaude ; il y a abattement, chaleur,
et bave visqueuse à la bouche, rougeur plus
vive du nez et des yeux, accélération et force
du pouls, chaleur de la peau, etc. Quelquefois,
à la suite de cet état, il survient des indurations
sous la ganache, des toux rebelles, des
écoulemens sans fin ; mais le plus souvent
l’affection est bénigne, parcourt régulièrement
ses périodes et guérit sans laisser de
traces.
Je ne parlerai pas ici de ce que l’on a improprement nommé fausse gourme ; je passerai sous silence les rapprochemens que l’on a faits, à tort ou à raison, entre la gourme et plusieurs autres maladies, telles que l’esquinancie, la coqueluche, la petite vérole, la vaccine, la clavelée, etc. ; je n’examinerai pas si la gourme est particulière aux chevaux, si elle est sujette a récidive sur les animaux qu’elle a déjà attaqués, sil est inévitable et nécessaire que les chevaux aient au moins une fois celte maladie, si elle est contagieuse, etc. Toutes ces questions, sujettes à controverse, ne peuvent être traitées que dans un ouvrage spécial.
Traitement. Lorsque l’affection est simple et qu’elle suit une marche régulière, il faut se garder d’en entraver le cours avec cette foule de médicamens proposés par les auteurs ; il faut au contraire laisser agir la nature et se contenter de surveiller les animaux, de les maintenir dans une température douce et égale, de diminuer leur ration et de composer celle-ci d’alimens de facile digestion, tels que l’eau de son et la bonne paille, alternée avec l’herbe fraîche s’il est possible ; il faut aussi donner quelques lavemens simples, préserver du contact irritant de l’air la tuméfaction de l’auge, et l’abcès s’il s’en forme un ; et dans ce but recouvrir la ganache d’une étoupade épaisse par-dessus laquelle on applique une peau de mouton, la laine tournée en dedans. Lorsque l’inflammation est très-forte, la diète la plus sévère est de rigueur ; on administre en outre les lavemens émolliens (n° 7) ; on expose des bains de vapeurs d’eau bouillante sous la tête et le nez ; on fait sous l’auge des onctions d’onguent populéum, on abreuve l’animal avec l’eau tiède miellée, blanchie avec la farine d’orge ; si la respiration est laborieuse, la toux difficile et la fièvre forte, ou fait quelques petites saignées, mais il ne faut pas abuser de ce moyen ; lorsque l’inflammation commence à se calmer, on établit au poitrail un séton que l’on anime fortement avec un mélange d’onguent basilicum et d’essence de térébenthine ; enfin, lorsqu’il se forme un abcès sous l’auge, il faut y favoriser le développement du pus par l’application de l’onguent vésicatoire, et se hâter d’ouvrir la tumeur, lorsque la fluctuation est prononcée.
D. Maladies du système lymphatique.
§ 1er. — Farcin.
On donne le nom de farcin à une maladie particulière au cheval, au mulet et à l’âne, résultant du développement de tubercules dans le tissu cellulaire, les ganglions et les vaisseaux lymphatiques sous-cutanés, ou dans l’inflammation chronique et l’induration de ces parties, et pouvant affecter toutes les parties extérieures du corps. Le farcin peut se montrer sous quatre formes différentes : 1° Induration farcineuse de la peau, farcin volant. Ce sont de petites tumeurs plus ou moins arrondies, d’un volume variant depuis celui d’un pois jusqu’à celui d’une grosse noisette, dures, indolentes, qui ont leur siège dans l’épaisseur du derme ; elles restent stationnaires pendant plus ou moins longtemps, disparaissent en totalité ou en partie, en laissant à leur place une espèce de petit durillon ; ou bien les poils qui existent au sommet se hérissent, et si on les écarte on remarque un petit ulcère arrondi, d’une couleur rouge, à surface exubérante, et ne paraissant occuper que les lames les plus extérieurs du derme. — 2° Abcès sous-cutanés farcineux. Ce sont des tumeurs molles, indolentes, fluctuantes dès leur début, sans changement de couleur à la peau, situées plus ou moins profondément et se faisant surtout remarquer aux membres. La circonférence de ces tumeurs est quelquefois dure, mais sans douleur et sans chaleur ; si on les ouvre il s’en écoule une matière jaunâtre, limpide, en quelque sorte huileuse, tenant en suspension des flocons blanchâtres ; quelquefois la petite plaie devient ulcéreuse, mais le plus souvent elle se guérit assez facilement. — 3° Tumeurs farcineuses sous-cutanées, farcin cordé, engorgemens farcineux. Ces tumeurs se développent dans le tissu cellulaire sous-cutané, dans les interstices des muscles sous la forme d’une corde uniforme plus ou moins cylindrique, ou présentant des renflemens de distance en distance, des espèces de boutons plus ou moins gros, affectant la forme de chapelets, de cordes noueuses, résistantes, douloureuses,qui,de leur point de départ, se dirigent constamment vers le centre en suivant le trajet des veines ou des lymphatiques ; ou bien ce sont des tumeurs aplaties, ordinairement circonscrites, suivant la même direction que les précédentes, et dont les parties