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chap. 5.
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MALADIES DES CHEVAUX.


voisines sont plus ou moins œdémateuses. Bientôt certaines parties de la tumeur se ramollissent, ou, si elle a la forme d’une corde régulière, on remarque dans plusieurs points de sou étendue des portions exubérantes qui laissent apercevoir dans leur centre une fluctuation qui augmente tous les jours ; la peau s’amincit, s’ouvre, et une petite ouverture donne issue à un pus jaunâtre, épais et grumeleux, puis un ulcère s’établit. Les parties environnantes s’engorgent, deviennent dures, lardacées ; l’engorgement s’étend, gagne en largeur ; de nouvelles tumeurs farcineuses se forment, et des ulcères peuvent apparaître dans des parties plus ou moins éloignées. Du reste, les chevaux peuvent jouir de tous les caractères de la santé. — 4° Ulcères farcineux. Ordinairement arrondis, grisâtres ou d’un rouge livide, peu douloureux ; les bords en sont légèrement renversés en dehors, frangés ; la surface en est inégale, rouge, fongueuse. Ces ulcères s’étendent en largeur pendant quelque temps, restent longtemps stationnaires, se multiplient pendant que d’autres se cicatrisant, et sont toujours d’une guérison difficile à obtenir. La cicatrice ne présente rien de remarquable ; et ici, comme dans les cas précédens, la santé peut rester parfaite.

Le farcin s’observe à tout âge, se développe dans toutes les saisons, mais principalement au printemps : il affecte les deux sexes et est ordinairement beaucoup plus bénin chez les chevaux entiers que chez les chevaux hongres. Cette maladie peut se développer sous l’influence des mêmes causes que la morve ; elle peut aussi être la suite des suppurations de longue durée et de la résorption du pus des plaies de mauvaise nature. Cette affection, qui peut durer pendant des années entières, a longtemps passé pour contagieuse ; beaucoup d’hippiatres, de cultivateurs et d’officiers de cavalerie lui donnent même encore ce caractère ; cependant l’expérience et l’observation de tous les jours semblent démontrer que le farcin ne peut se transmettre par voie de contagion.

Traitement. Un air pur, sec, fréquemment renouvelé, l’usage des couvertures légères, le pansement de la main réitéré et bien exécuté, des alimens de saine nature, un exercice modéré et réglé, sont les meilleurs préservatifs de cette maladie, et les meilleurs auxiliaires du traitement. A ces moyens on peut joindre l’administration des toniques (n° 26), des diurétiques et des fondans (nos 52, 66, 67, 68, 72). Les tumeurs abcédées doivent être ouvertes au moyen de l’instrument tranchant, et détruites soit avec les caustiques, soit avec le fer rouge. On procède à l’enlèvement des kystes avec le bistouri, si les tumeurs sont volumineuses ; les plaies sont ensuite recouvertes d’étoupes coupées, et pansées avec la teinture d’aloès, l’eau phagédénique, le chlorure de chaux, etc. Malgré tous les soins possibles, il faut avouer que le farcin résiste bien souvent au traitement que l’on emploie pour le combattre.

Je ne parle pas ici des maladies que l’on a désignées sous les noms de morve aiguë, farcin aigu, affections très-rares et rapidement mortelles.

§ II. — Morve.

On donne ce nom à une maladie du cheval qui se manifeste par l’engorgement des ganglions lymphatiques de l’auge, le jetage par les deux narines ou par une seule, et dans ce dernier cas, le plus souvent par la gauche, d’une matière jaune-verdâtre, grumeleuse, s’attachant aux orifices des narines, et par l’apparition de tubercules ou d’ulcères sur la membrane qui revêt la cloison médiane des narines ou les cornets. Cet état est fréquemment accompagné du développement de tubercules dans les poumons. Le cheval est dit douteux quand il présente un ou deux des symptômes que je viens d’indiquer. Ordinairement le jetage ou la glande paraissent les premiers : d’abord en petite quantité, presque séreuse, la matière qui s’écoule d’une ou des deux narines est plus abondante que de coutume ; elle est d’une couleur jaunâtre, inodore, et tient en suspension de petites masses comme caséeuses qui couvrent et salissent la peau et se dessèchent sur les orifices des narines. Si la maladie débute par la glande, un petit engorgement, ordinairement arrondi, situé plus ou moins profondément, parait à la face interne de l’une ou des deux branches de l’os de la mâchoire inférieure ; cet engorgement est peu volumineux ; il commence par avoir le volume d’une noisette ou d’une noix ; il parait formé dune seule masse, ou constitué par la réunion d’un grand nombre de petits corps mobiles les uns sur les autres, mais réunis en une masse assez circonscrite, adhérant ou non à la peau, qui elle-même est plus ou moins mobile ; il est quelquefois indolent, d’autres fois il est légèrement douloureux, et le cheval cherche à éviter la pression. Que l’un de ces symptômes ou tous les deux apparaissent en même temps et successivement, ils peuvent rester stationnaires pendant fort longtemps, quelquefois des mois, des années, pendant lesquels la membrane nasale est dans l’état naturel, ou colorée, ou plus ou moins épaisse et blafarde ; en même temps l’animal parait jouir d’une bonne santé. Enfin, l’œil du côté où le jetage a lieu devient chassieux, larmoyant ; de petits tubercules, développés dans le tissu sous-muqueux, apparaissent sur la pituitaire ; bientôt ils se ramollissent, font place à de petits ulcères moins colorés que les parties environnantes, blafards, jaunâtres et quelquefois exubérans ; ils augmentent successivement tant en profondeur qu’en étendue ; le jetage devient plus considérable ; bientôt il est mêlé de stries de sang ; la table externe des sinus frontaux se gonfle, fait saillie sous la peau ; la percussion que l’on exerce sur elle est douloureuse et rend un son mat ; le cheval est définitivement déclaré morveux et doit être abattu, non que la mort suive de près la maladie arrivée à ce degré, et que le cheval ne puisse encore rendre des services, mais parce que l’affection est alors regardée comme définitivement incurable, et que les ordonnances de police prescrivent le sacrifiée de l’animal.

Causes. Plusieurs vétérinaires regardent la morve comme héréditaire ; mais ce point de doctrine est encore douteux. Toutes les irrita-