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CHAPITRE X.


RELIGIEUSES DE PORT-ROYAL.


Mais qu’a-t-on vu dans ce genre d’égal au délire des religieuses de Port-Royal ? Bossuet descend jusqu’à ces vierges folles ; il leur adresse une lettre qui est un livre, pour les convaincre de la nécessité d’obéir. La Sorbonne a parlé, l’Église gallicane a parlé, le Souverain Pontife a parlé, l’Église universelle a parlé aussi à sa manière, et peut-être plus haut, en se taisant. Toutes ces autorités sont nulles au tribunal de ces filles rebelles. La supérieure a l’impertinence d’écrire à Louis XIV une lettre où elle le prie « de vouloir bien considérer s’il pouvait en conscience supprimer, sans jugement canonique, un monastère légitimement établi pour donner des servantes à J.-C. dans la suite de tous les siècles[1].

Ainsi, des religieuses s’avisent d’avoir un avis contre une décision solennelle des deux puissances, et de protester qu’elles ne peuvent obéir en conscience ; et l’on s’étonne que Louis XIV ait très-sagement et très-modérément dispersé les plus folles

  1. Racine, ibid., pag. 212. Qui ne rirait de la suite de tous les siècles ? Cependant il ne suffit pas de rire, il faut encore voir, dans ce passage, l’orgueil de la secte, immense sous le bandeau de la mère Agnès, comme sous la lugubre calotte d’Arnaud ou de Quesnel. Observons en passant que si le Père général des Jésuites s’était permis, en 1762, d’écrire au roi Louis XV une lettre semblable par le style, mais un peu mieux motivée pour le fond des choses, on aurait crié de tous côtés à la folie, peut-être même à la Majesté lésée !