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CHAPITRE XI.


DE LA VERTU HORS DE L’ÉGLISE.


Qu’on vienne maintenant nous vanter la piété, les mœurs, la vie austère des gens de ce parti. Tout ce rigorisme ne peut être en général qu’une mascarade de l’orgueil, qui se déguise de toutes les manières, même en humilité. Toutes les sectes, pour faire illusion aux autres et surtout à elles-mêmes, ont besoin du rigorisme ; mais la véritable morale relâchée dans l’Église catholique, c’est la désobéissance. Celui qui ne sait pas plier sous l’autorité, cesse de lui appartenir. De savoir ensuite jusqu’à quel point l’homme qui se trompe sur le dogme peut mériter dans cet état, c’est le secret de la Providence, que je n’ai point le droit de sonder. Veut-elle agréer d’une manière que j’ignore les pénitences d’un fakir ? je m’en réjouis et je la remercie. Quant aux vertus chrétiennes, hors de l’unité, elles peuvent avoir encore plus de mérite, elles peuvent aussi en avoir moins à raison du mépris des lumières. Sur tout cela je ne sais rien, et que m’importe ? Je m’en repose sur celui qui ne peut être injuste. Le salut des autres n’est pas mon affaire ; j’en ai une terrible sur les bras, c’est le mien. Je ne dispute donc pas plus à Pascal ses vertus que ses talents. Il y a bien aussi, je l’espère, des vertus chez les protestants, sans que je sois pour cela, je l’espère aussi, obligé de les tenir pour catholiques. Notre miséricordieuse Église n’a-t-elle pas frappé d’anathème ceux qui disent que toutes les