Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/101

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je ne crois pas du tout ; en tout cas, il suffirait de répondre : Tant pis pour l’Angleterre, et je ne vois pas pourquoi l’Espagne serait tenue de respecter à ce point le sommeil des scélérats.

Nous venons de voir les préparatifs de l’épouvantable auto-da-fé du 9 mai 1764, en vertu duquel un criminel infâme fut condamné à manger des biscuits et à boire du vin dans les rues de Madrid. Il est bon maintenant d’entendre une bouche protestante nous raconter dans quels termes le grand inquisiteur prononça à l’accusé l’arrêt que le Saint-Office venait de rendre contre lui.

« Mon fils, lui dit le bourreau sacré, vous allez entendre le récit de vos crimes, et la sentence qui doit les expier. Nous usons toujours d’indulgence, et ce Saint-Office a bien plus en vue de corriger que de punir. Soyez affligé de sentir ce que votre conscience vous reproche, bien plus que de