Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/117

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moins ravi de sa supériorité naturelle que de sa nullité dès qu’il oublie sa destination.

Après les horreurs que nous avons vues en Europe, de quel front ose-t-il reprocher à l’Espagne une institution qui les aurait toutes prévenues. Le Saint-Office, avec une soixantaine de procès dans un siècle, nous aurait épargné le spectacle d’un monceau de cadavres qui surpasserait la hauteur des Alpes, et arrêterait le cours du Rhin et du Pô [1]. Mais de tous les Européens, le Français serait, sans contredit, le plus insupportable critique de l’Inquisition, après les maux qu’il a faits ou causés dans le monde, après les maux plus terribles encore qu’il s’est fait à lui-même. Il serait inexcusable, s’il s’avisait de plaisanter l’Espagne sur de sages institutions qui l’ont préservée.

  1. L’auteur anonyme de la brochure intitulée : Qu’importe aux Prêtres ? Christiapople, 1797, in-8°, pag. 192.