Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la philosophie moderne ; qu’ont-ils fait en Espagne ? Le mal, et rien que le mal. Eux seuls ont appelé la tyrannie ou transigé avec elle : eux seuls ont prêché les demi-mesures, l’obéissance à l’empire des circonstances, la timidité, la faiblesse, les lenteurs, les tempéraments, à la place de la résistance désespérée et de l’imperturbable fidélité. Si l’Espagne avait dû périr, c’est par eux qu’elle aurait péri. Une foule d’hommes superficiels croient qu’elle a été sauvée par les Cortès ; elle l’a été, au contraire, malgré les Cortès, qui ont embarrassé les Anglais plus que la politique ne leur a permis de dire. C’est le peuple qui a tout fait, et quand il y aurait eu, dans le parti philosophique et parmi les ennemis de l’Inquisition, de véritables Espagnols capables de se sacrifier pour leur patrie, qu’auraient-ils fait sans le peuple ? Et qu’aurait fait le peuple à son tour, s’il n’avait été conduit par les idées nationales, et surtout par ce qu’on appelle la superstition ? Voulez-vous