Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

compte de sa foi, sans manquer aux égards qui lui sont justement dus. En voyant où il a été conduit par ce qu’il appelle sa tolérance, nous verrons peut-être que cette tolérance, telle qu’on l’entend en Angleterre, ne saurait s’allier avec une foi positive quelconque.

L’Angleterre tolère toutes les sectes et ne proscrit que la religion (dont toute ces sectes se sont détachées). L’Espagne, au contraire, n’admet que la religion et proscrit toutes les sectes : comment deux lois fondamentales, diamétralement opposées, pourraient-elles être défendues par les mêmes moyens ? Il ne s’agit nullement de savoir s’il faut des lois coercitives pour laisser à chacun liberté de faire ce qu’il veut, car ce problème n’est pas difficile. Il s’agit de savoir comment un état pourra, sans aucune loi de ce genre, maintenir chez lui l’unité de croyance et de culte, et cet autre problème n’est pas tout à fait si aisé.