Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/129

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Les Anglais font un singulier raisonnement : ils établissent, sous le nom spécieux de tolérance, une indifférence absolue en fait de religion ; puis ils partent de là pour juger des nations aux yeux desquelles cette indifférence est le plus grand des malheurs et le plus grand des crimes. Nous sommes heureux ainsi, disent-ils : fort bien, si l’unité de religion et si le monde futur ne sont rien pour eux ; mais en partant des deux suppositions contraires, comment s’y prendraient leurs hommes d’état pour satisfaire cette première volonté de la législation ?

« Dieu a parlé : c’est à nous de croire. La religion qu’il a établie est une précisément comme lui. La vérité étant intolérante de sa nature, professer la tolérance religieuse, c’est professer le doute, c’est-à-dire, exclure la foi. Malheur et mille fois malheur à la stupide imprudence qui nous accuse de damner les hommes ! C’est Dieu qui damne ; c’est lui qui a dit