Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/139

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ne manquera pas de s’écrier, avant d’y avoir réfléchi : Oh ! c’est bien différent ! quoiqu’il n’y ait réellement qu’une seule et incontestable différence, c’est que les opposants d’alors combattaient pour une possession de seize siècles ; tandis que les possesseurs d’aujourd’hui sont nés d’hier.

À Dieu ne plaise que je veuille réveiller d’anciennes querelles : je dis seulement, et j’espère que vous serez de mon avis, que les Anglais sont peut-être le peuple de la terre qui a le moins le droit de reprocher à l’Espagne sa législation religieuse. Lorsqu’avec plus de moyens de se défendre que n’en furent donné aux autres nations, on s’est livré cependant aux mêmes fureurs ; lorsqu’on a chassé un roi légitime, qu’on en a égorgé un autre ; qu’on a passé enfin par toutes les convulsions du fanatisme et de la révolte pour arriver à la tranquillité, comment trouve-t-on le courage de reprocher à l’Espagne sa détestable Inquisition ; comme si l’on pouvait ignorer que l’Espagne