Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/31

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Que l’Espagne a reçu, mais qu’elle-même abhorre :
Qui venge les autels, mais qui les déshonore ;
Qui, tout couvert de sang, de flammes entouré
Égorge les mortels avec un fer sacré [1].


Le tribunal peint sous ces couleurs est cependant un tribunal appartenant à une nation pleine de sagesse et d’élévation ; un tribunal purement royal, composé de ce qu’il y a de plus savant et de plus distingué dans l’ordre du clergé ; jugeant des crimes réels en vertu des lois préexistantes et publiques ; jugeant avec une sagesse peut-être unique, et jamais à mort. Quel nom donner au poète effronté qui s’est permis de le travestir d’une manière aussi infâme ? mais l’auteur de Jeanne d’Arc avait ses raisons pour détester une autorité qui aurait bien su empêcher ce forcené de corrompre ou de perdre l’Espagne, s’il y était né.

  1. Avec un fer sacré, appartient à Molière, comme tout le monde sait. (Tartufe, acte Ier, scène VI.) Entre comédiens tout est commun.