Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/77

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faire entendre au milieu des clameurs du préjugé : « J’avoue, dit-il, que si ceux qui se déchaînent contre le tribunal de l’Inquisition avaient égard à ceux qui le composent, ils en parleraient tout autrement... Mais ce qu’il y a de plus déplorable, c’est que la prévention a tellement prévalu que je désespère, en quelque manière, de pouvoir faire convenir mes compatriotes que la circonspection, la sagesse, la justice, l’intégrité, sont les vertus qui caractérisent les inquisiteurs... Il faut être bien méchant, ou une bien mauvaise tête pour être repris par ce tribunal. »

Tout homme sage pourrait deviner de lui-même ce qu’on vient de lire, s’il veut réfléchir un instant sur la qualité des juges. En premier lieu, il n’y a rien de si juste, de si docte, de si incorruptible que les grands tribunaux espagnols, et si, à ce caractère général, on ajoute encore celui du sacerdoce catholique, on se convaincra, avant toute expérience, qu’il ne