Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/97

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Néanmoins, l’observateur anglais n’est pas content. « Ce délit, dit-il, était fort au-dessous de la dignité de ce tribunal. Il aurait mieux valu faire punir ce misérable en secret, par le dernier des valets chargés d’exécuter les arrêts de justice. »

Il peut se faire, sans doute, que M. Townsend ait été ou soit même encore un homme de beaucoup de sens ; mais contre le préjugé national et religieux surtout, le bon sens est inutile. C’est un étrange spectacle que celui d’un homme qui prend sur lui de censurer aigrement la jurisprudence criminelle d’une illustre nation, et qui conseille lui-même les punitions secrètes. Si l’Inquisition avait fait donner un seul coup de fouet en secret, le voyageur n’aurait pas manqué d’écrire une longue diatribe sur cette atrocité, et il aurait enrichi son voyage d’une belle estampe, où l’on aurait vu deux bourreaux robustes déchirer un malheureux à coups de fouet, dans le fond d’un cachot affreux,