qui lui assura une situation à peu près convenable, à l’amitié de l’amiral Tchitchagof.
L’arrivée de son frère Joseph à la cour du tsar comme envoyé extraordinaire du roi de Sardaigne ne contribua pas peu à ce changement de fortune ; car, toute sa vie, Xavier se laissa aller au courant, sans trop d’efforts pour le combattre s’il lui était contraire, accoutumé dès l’enfance à vivre, ainsi qu’il le disait, « comme un oiseau sur la branche. » Jusqu’à sa mort arrivée en 1823, Joseph exerça sur son cadet l’ascendant d’un caractère énergique, clairvoyant et bien trempé, et le cadet n’eut pas à s’en plaindre.
Dès lors il avança rapidement : lieutenant colonel en 1807, colonel en 1809, il passa enfin, l’année suivante, dans le service actif. Envoyé en Géorgie, il s’y distingua dans l’expédition qui eut lieu contre les peuplades insoumises du Kouban, et reçut au siège du fort d’Akhaltzich, un coup de feu qui lui perça le bras droit de part en part. Au printemps de 1812, il épousa à Pétersbourg Sophie Zagriatsky, demoiselle d’honneur de l’impératrice[1], et cette alliance qu’il contractait aux ap-
- ↑ Dans ce mariage d’inclination, l’adroite prévoyance du frère aîné sut ménager de beaux avantages à l’insouciant Xavier ; voici, du reste, comme il en parle à son souverain : « Mon frère a joué de bonheur dans cette affaire d’une manière bien singulière. Le mariage, excellent sous tous les autres rapports, était un peu faible sous celui de la fortune ; mais, le jour même où il a quitté sa femme pour se rendre au quartier général de l’empereur, le chambellan Zagriatsky, frère unique de la demoiselle, a jugé à propos de mourir d’un coup d’apoplexie dans sa terre de Tambof. C’était un fort mauvais sujet, dissipateur de premier ordre ; cependant, la terre seule vaut 1,200,000 roubles au moins, et ce n’était pas sa seule propriété. D’ailleurs, l’oncle d’ici, grand échanson, a 4O,000 roubles de rente ; et cette hoirie tombera encore à ces dames. Toute soustraction faite, il ne peut pas rester à mon frère ou à sa femme moins de 2,000 paysans, c’est-à-dire plus de 50.000 livres de Piémont de