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proches de la cinquantaine, devait le faire riche de 2,000 paysans, c’est-à-dire de plus de 50,000 francs de rente.

Rappelé à l’armée, il ne la quitta plus qu’après Waterloo. Il assista à la déroute des Français, « dont les cadavres obstruaient le chemin, qui, depuis Moscou jusqu’à la frontière, avait l’air d’un champ de bataille continu[1]. » Il assista également au siège de Dantzig en 1813 (il venait d’être promu au grade de général major), et fut attaché à l’un des corps dirigés sur la France en 1815.

La paix faite, il ne tarda pas à se lasser de l’état militaire, donna sa démission et se retira dans la capitale. Pendant dix années, il y vécut au sein d’une paix profonde. La mort de deux enfants le détermina à passer en Italie dans l’espoir d’y sauver les deux autres (1825). Après les avoir vus mourir, il céda au désir de sa femme, et revint en 1838 à Saint-Pétersbourg. C’est dans cette ville qu’il mourut le 12 juin 1852, à l’âge extrême de quatre-vingt-neuf ans, ayant survécu à ses frères et sœurs, à ses enfants, à sa femme morte l’année précédente.

Telle est la vie publique de Xavier de Maistre. Officier de fortune au service d’un pays qu’il n’aimait guère, il apporta dans la pratique de ses devoirs l’honnêteté sans souplesse et la simplicité de mœurs de ses montagnes. Aussi n’y joua-t-il qu’un rôle presque effacé, qui convenait du reste à son caractère réservé et d’une fierté susceptible, à ses qualités moyennes à demi voilées par un fond exagéré peut-être de modestie. Dès qu’il lui fut possible de quitter le harnais militaire, et surtout de

    rente. L’air de Russie, comme V. M. voit, nous convient assez. » Lettre du 12 mars 1813.

  1. Lettre à Joseph, 21 décembre 1812.