Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/123

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du départ, lorsque les vapeurs de la digestion, se portant à mon cerveau, obstruèrent tellement les passages par lesquels les idées s’y rendent en venant des sens, que toute communication se trouva interceptée ; et, de même que mes sens ne transmettaient plus aucune idée à mon cerveau, celui-ci, à son tour, ne pouvait plus envoyer le fluide électrique qui les anime et avec lequel l’ingénieux docteur Valli[1] ressuscite des grenouilles mortes.

On concevra facilement, après avoir lu ce préambule, pourquoi ma tête tomba sur ma poitrine, et comment les muscles du pouce et de l’index de ma main droite, n’étant plus irrités par ce fluide, se relâchèrent au point qu’un volume des œuvres du marquis de Caraccioli[2], que je tenais serré entre ces deux doigts, m’échappa

  1. Ne faut-il pas lire ici Galvani, dont les expériences sur les grenouilles remontent à l’année 1791 ? Il y eut, en effet, un médecin lucquois du nom de Valli, recommandable par quelques travaux de médecine expérimentale ; mais à l’époque où écrivait l’auteur (1794), il était parti pour Constantinople, et l’on ne voit pas d’ailleurs qu’il se soit jamais occupé d’électricité ni même de physique. Galvani, né en 1737, est mort en 1798.
  2. C’est sans doute avec une pointe d’ironie que Xavier de Maistre parle des œuvres de cet ami des philosophes : car tout ce qu’il a publié se borne à une brochure sur la circulation des grains en Sicile (Palerme, 1785, in-8o). Le marquis de Caraccioli, successivement ambassadeur du roi de Naples, vice-roi de la Sicile et ministre des affaires étrangères, mourut en 1789.