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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/124

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sans que je m’en aperçusse, et tomba sur le foyer.

Je venais de recevoir des visites, et ma conversation avec les personnes qui étaient sorties avait roulé sur la mort du fameux médecin Cigna[1], qui venait de mourir, et qui était universellement regretté : il était savant, laborieux, bon physicien et fameux botaniste. — Le mérite de cet homme habile occupait ma pensée ; et cependant, me disais-je, s’il m’était permis d’évoquer les âmes de tous ceux qu’il peut avoir fait passer dans l’autre monde, qui sait si sa réputation ne souffrirait pas quelque échec ?

Je m’acheminais insensiblement à une dissertation sur la médecine et sur les progrès qu’elle a faits depuis Hippocrate. — Je me demandais si les personnages fameux de l’antiquité qui sont morts dans leur lit, comme Périclès, Platon, la célèbre Aspasie et Hippocrate lui-même, étaient morts comme des gens ordinaires, d’une fièvre putride, inflammatoire ou vermineuse ; si on les avait saignés et bourrés de remèdes.

Dire pourquoi je songeai à ces quatre personnages plutôt qu’à d’autres, c’est ce qui ne me serait pas possible. — Qui peut rendre rai-

  1. Jean-François Cigna était mort en 1790, à Turin, où il professait l’anatomie.