Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/125

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son d’un songe ? Tout ce que je puis dire, c’est que ce fut mon âme qui évoqua le docteur de Cos, celui de Turin et le fameux homme d’État qui fit de si belles choses et de si grandes fautes.

Mais, pour son élégante amie, j’avoue humblement que ce fut l’autre qui lui fit signe. — Cependant, quand j’y pense, je serais tenté d’éprouver un petit mouvement d’orgueil ; car il est clair que dans ce songe la balance en faveur de la raison était de quatre contre un. — C’est beaucoup pour un militaire de mon âge.

Quoi qu’il en soit, pendant que je me livrais à ces réflexions, mes yeux achevèrent de se fermer, et je m’endormis profondément ; mais, en fermant les yeux, l’image des personnages auxquels j’avais pensé demeura peinte sur cette toile fine qu’on appelle mémoire, et ces images se mêlant dans mon cerveau avec l’idée de l’évocation des morts, je vis bientôt arriver à la file Hippocrate, Platon, Périclès, Aspasie et le docteur Cigna avec sa perruque.

Je les vis tous s’asseoir sur les siéges encore rangés autour du feu ; Périclès seul resta debout pour lire les gazettes.

« Si les découvertes dont vous me parlez étaient vraies, disait Hippocrate au docteur,