Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/127

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la nature sont cachés aux morts comme aux vivants ; celui qui a créé et qui dirige tout sait, lui seul, le grand secret auquel les hommes s’efforcent en vain d’atteindre : voilà ce que nous apprenons de certain sur les bords du Styx. Et, croyez-moi, ajouta-t-il en adressant la parole au docteur, dépouillez-vous de ce reste d’esprit de corps que vous avez apporté du séjour des mortels ; et puisque les travaux de mille générations et toutes les découvertes des hommes n’ont pu allonger d’un seul instant leur existence, puisque Caron passe chaque jour dans sa barque une égale quantité d’ombres, ne nous fatiguons plus à défendre un art qui, chez les morts où nous sommes, ne serait pas même utile aux médecins. »

Ainsi parla le fameux Hippocrate, à mon grand étonnement.

Le docteur Cigna sourit ; et, comme les esprits ne sauraient se refuser à l’évidence ni taire la vérité, non-seulement il fut de l’avis d’Hippocrate, mais il avoua même, en rougissant à la manière des intelligences, qu’il s’en était toujours douté.

Périclès, qui s’était approché de la fenêtre, fit un grand soupir, dont je devinai la cause. Il