Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/128

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lisait un numéro du Moniteur, qui annonçait la décadence des arts et des sciences ; il voyait des savants illustres quitter leurs sublimes spéculations pour inventer de nouveaux crimes ; et il frémissait d’entendre une horde de cannibales se comparer aux héros de la généreuse Grèce, en faisant périr sur l’échafaud, sans honte et sans remords, des vieillards vénérables, des femmes, des enfants, et commettant de sang-froid les crimes les plus atroces et les plus inutiles.

Platon, qui avait écouté sans rien dire notre conversation, la voyant tout à coup terminée d’une manière inattendue, prit la parole à son tour. — « Je conçois, nous dit-il, comment les découvertes qu’ont faites vos grands hommes dans toutes les branches de la physique sont inutiles à la médecine, qui ne pourra jamais changer le cours de la nature qu’aux dépens de la vie des hommes ; mais il n’en sera pas de même, sans doute, des recherches qu’on a faites sur la politique. Les découvertes de Locke sur la nature de l’esprit humain, l’invention de l’imprimerie, les observations accumulées tirées de l’histoire, tant de livres profonds qui ont répandu la science jusque parmi le peuple ; — tant de merveilles enfin auront sans doute contribué à rendre les hommes