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Chapitre XIV

Un sentiment fâcheux troublait cependant le plaisir que j’éprouvais en me livrant à ces méditations. Combien peu de personnes, me disais-je, jouissent maintenant avec moi du spectacle sublime que le ciel étale inutilement pour les hommes assoupis !… Passe encore pour ceux qui dorment ; mais qu’en coûterait-il à ceux qui se promènent, a ceux qui sortent en foule du théâtre de regarder un instant et d’admirer les brillantes constellations qui rayonnent de toutes parts sur leur tête ? – Non, les spectateurs attentifs de Scapin ou de Jocrisse ne daigneront pas lever les yeux : Ils vont rentrer brutalement chez eux, ou ailleurs, sans songer que le ciel existe. Quelle bizarrerie !… parce qu’on peut le voir souvent et gratis, ils n’en veulent pas. Si le firmament était toujours voilé pour nous, si le spectacle qu’il nous offre dépendait d’un entrepreneur, les premières loges sur les toits seraient hors de prix, et les dames de Turin s’arracheraient ma lucarne.

« Oh ! si j’étais souverain d’un pays, m’écriai-je saisi d’une juste indignation, je ferais chaque nuit sonner le tocsin, et j’obligerais mes sujets de