Aller au contenu

Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tout âge de tout sexe et de toute condition, de se mettre à la fenêtre et de regarder les étoiles. »

Ici la raison, qui, dans mon royaume, n’a qu’un droit contesté de remontrance, fut cependant plus heureuse qu’à l’ordinaire dans les représentations qu’elle me proposa au sujet de l’édit inconsidéré que je voulais proclamer dans mes États.

« Sire, me dit-elle, Votre Majesté ne daignerait-elle pas faire une exception en faveur des nuits pluvieuses, puisque, dans ce cas, le ciel étant couvert… – Fort bien, fort bien, répondis-je, je n’y avais pas songé : vous noterez une exception en faveur des nuits pluvieuses. – Sire, ajouta-t-elle, je pense qu’il serait à propos d’excepter aussi les nuits sereines, lorsque le froid est excessif et que la bise souffle, puisque l’exécution rigoureuse de l’édit accablerait vos heureux sujets de rhumes et de catarrhes. »

Je commençais à voir beaucoup de difficultés dans l’exécution de mon projet ; mais il m’en coûtait de revenir sur mes pas.

« Il faudra, dis-je, écrire au Conseil de médecine et à l’Académie des sciences pour fixer le degré du thermomètre centigrade auquel mes sujets pourront se dispenser de se mettre à la fenêtre ; mais je veux, j’exige absolument que l’ordre soit exécuté à la rigueur.

– Et les malades, Sire ?

– Cela va sans dire ; qu’ils soient exceptés ; l’humanité doit