Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/196

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pendre mes jambes à droite et à gauche de la fenêtre, je commençai mon voyage à cheval. J’ai toujours préféré cette manière de voyager à toute autre, et j’aime passionnément les chevaux ; cependant, de tous ceux que j’ai vus ou dont j’ai pu entendre parler, celui dont j’aurais le plus ardemment désiré la possession est le cheval de bois dont il est parlé dans les Mille et une Nuits, sur lequel on pouvait voyager dans les airs, et qui partait comme l’éclair lorsqu’on tournait une petite cheville entre ses oreilles.

Or l’on peut remarquer que ma monture ressemble beaucoup à celle des Mille et une Nuits. Par sa position, le voyageur à cheval sur sa fenêtre communique d’un côté avec le ciel et jouit de l’imposant spectacle de la nature : les météores et les astres sont à sa disposition ; de l’autre, l’aspect de sa demeure et les objets qu’elle contient le ramènent à l’idée de son existence et le font rentrer en lui-même. Un seul mouvement de la tête remplace la cheville enchantée, et suffit pour opérer dans l’âme du voyageur un changement aussi rapide qu’extraordinaire. Tour à tour habitant de la terre et des cieux, son esprit et son cœur parcourent toutes les jouissances qu’il est donné à l’homme d’éprouver.

Je pressentis d’avance tout le parti que je pouvais