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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/222

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que le démon du bruit est muet au milieu de son temple, au milieu d’une ville endormie, c’est alors que le temps élève sa voix et se fait entendre à mon âme. Le silence et l’obscurité deviennent ses interprètes, et me dévoilent sa marche mystérieuse ; ce n’est plus un être de raison que ne peut saisir ma pensée, mes sens eux-mêmes l’aperçoivent. Je le vois dans le ciel qui chasse devant lui les étoiles vers l’occident. Le voilà qui pousse les fleuves à la mer, et qui roule avec les brouillards le long de la colline… J’écoute : les vents gémissent sous l’effort de ses ailes rapides, et la cloche lointaine frémit à son terrible passage.

« Profitons, profitons de sa course, m’écriai-je. Je veux employer utilement les instants qu’il va m’enlever. »

Voulant tirer parti de cette bonne résolution, à l’instant même je me penchai en avant pour m’élancer courageusement dans la carrière, en faisant avec la langue un certain claquement qui fut destiné de tout temps à pousser les chevaux, mais qu’il est impossible d’écrire selon les règles de l’orthographe.

gh ! gh ! gh !

et je terminai mon excursion à cheval par une galopade.