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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/255

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secours qu’elle m’a promis ! » Et, comme je retirais la croix du livre, j’y trouvai un écrit cacheté, que ma bonne sœur y avait laissé pour moi. Mes larmes, retenues jusqu’alors par la douleur, s’échappèrent en torrents : tous mes funestes projets s’évanouirent à l’instant. Je pressai longtemps cette lettre précieuse sur mon cœur avant de pouvoir la lire ; et, me jetant à genoux pour implorer la miséricorde divine, je l’ouvris, et j’y lus en sanglotant ces paroles qui seront éternellement gravées dans mon cœur :

Mon frère, je vais bientôt te quitter ; mais je ne t’abandonnerai pas. Du ciel, où j’espère aller, je veillerai sur toi ; je prierai Dieu qu’il te donne le courage de supporter la vie avec résignation, jusqu’à ce qu’il lui plaise de nous réunir dans un autre monde : alors je pourrai te montrer toute mon affection ; rien ne m’empêchera plus de t’approcher, et rien ne pourra nous séparer. Je te laisse la petite croix que j’ai portée toute ma vie ; elle m’a souvent consolée dans mes peines, et mes larmes n’eurent jamais d’autres témoins qu’elle. Rappelle-toi, lorsque tu la verras, que mon dernier vœu fut que tu puisses vivre ou mourir en bon chrétien.

Lettre chérie ! elle ne me quittera jamais : je l’emporterai avec moi dans la tombe ; c’est elle qui m’ouvrira les portes du ciel que mon crime