Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/304

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extraordinaire, vu la fertilité du terroir. Ils suivaient depuis quelque temps le cours de la Sonja, qu’ils devaient traverser pour se rendre à Mosdok, cherchant un endroit oh l’eau, moins rapide, pût leur offrir un passage moins dangereux, lorsqu’ils découvrirent un homme à cheval qui venait droit à eux. Le pays, totalement découvert, ne présentait ni arbres ni buissons pour se cacher. Ils se blottirent sons le rivage de la Sonja, au bord de l’eau. Le voyageur passait à quelques toises de leur gîte. Leur intention n’était que de se défendre s’ils étaient attaqués. Ivan tira son poignard et remit le pistolet au major. S’apercevant alors que le cavalier n’était qu’un enfant de douze à treize ans, il s’élança brusquement sur lui, le saisit au collet et le renversa sur le gazon. Le jeune homme voulait résister ; mais voyant le major paraître sur le bord de la rivière le pistolet à la main, il s’enfuit à toutes jambes. Le cheval était sans selle avec un licou passé dans la bouche en guise de bride. Les deux fugitifs se servirent aussitôt de leur capture pour passer la rivière. Cette rencontre fut un grand bonheur pour eux, car ils virent bientôt qu’il leur eût été impossible de traverser à pied, comme il l’avaient projeté. Leur monture, quoique chargée du poids de deux hommes, faillit à être entraînée par la rapidité