les uns lui faisaient raccommoder leurs habits, et dont les autres s’amusaient de ses impertinences. Au nombre de ces derniers était Lopouloff, chez lequel il venait quelquefois. Neiler, connaissant l’esprit religieux de la jeune personne, la persiflait au sujet de sa dévotion, et l’appelait sainte Prascovie.
Celle-ci, le croyant plus habile qu’il n’était, projetait de s’adresser à lui pour en obtenir la supplique qu’elle voulait adresser au gouverneur, dans l’espoir que son père, n’ayant plus qu’à la signer, s’y déciderait plus facilement.
Elle venait un jour d’achever son blanchissage à la rivière, et se disposait à retourner au logis. Avant de partir, elle fit, à son ordinaire, plusieurs signes de croix, et se chargea péniblement de son linge mouillé. Neiler, qui passait par hasard, la vit et se moqua d’elle. Si vous aviez, lui dit-il, fait quelques-unes de ces simagrées de plus, vous auriez opéré un miracle, et votre linge serait allé tout seul à la maison, Donnez, ajouta-t-il en s’emparant de force du fardeau, je vous ferai voir que les incrédules, que vous haïssez si fort, sont aussi de bonnes gens. » Il prit en effet la corbeille et la porta jusqu’au village. Chemin faisant, Prascovie, qui