Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/346

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ce qui la jetait dans un grand embarras. Prascovie, n’ayant aucune idée de la géographie du pays qu’elle avait à parcourir, s’était imaginé que la ville de Kiew, fameuse dans la religion du pays, et dont sa mère lui avait souvent parlé, se trouvait sur le chemin de Pétersbourg : elle avait le projet d’y faire ses dévotions en passant, et s’y promettait d’y prendre un jour le voile, si son entreprise réussissait.

Dans la fausse idée qu’elle s’était formée de la situation de cette ville, voyant qu’on souriait lorsqu’elle demandait le chemin de Pétersbourg, elle demandait aux passants celui de Kiew, ce qui lui réussissait plus mal encore.

Une fois, entre autres, se trouvant indécise sur le choix de plusieurs chemins qui se croisaient, elle attendit un kibick qui s’approchait, et pria les voyageurs de lui indiquer celui de ces chemins qui conduisait à Kiew. Ils crurent qu’elle plaisantait. « Prenez, lui dirent-ils en riant, celui que vous voudrez ; ils conduisent tous également à Kiew, à Paris et à Rome. » Elle prit celui du milieu, qui se trouva heureusement être le sien. Elle ne pouvait donner aucun détail exact sur la route qu’elle avait tenue, ni sur le nom des villages par lesquels elle avait passé, et qui se confondaient dans sa mémoire. Lorsqu’elle arrivait dans un hameau