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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/407

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éprouvèrent en voyant leur fille chérie en habit religieux, et pressés à la fois par un sentiment de reconnaissance et de douleur, ils tombèrent à genoux devant elle ; à cette vue, Prascovie fit un cri douloureux, et se mettant elle-même à genoux : « Que faites-vous, mon père ? s’écria-t-elle ; c’est Dieu, Dieu seul qui a tout fait ! Remercions sa providence pour le miracle qu’elle a opéré en notre faveur. » L’abbesse et ses religieuses, touchées de ce spectacle, se prosternèrent elles-mêmes, et réunirent leurs actions de grâce à celles de l’heureuse famille.

Les plus tendres embrassements succédèrent à ce mouvement de piété ; mais d’abondantes larmes roulaient dans les yeux de la mère lorsqu’elle les fixait sur le voile de sa fille.

Le bonheur dont jouissait la famille Lopouloff depuis sa réunion ne pouvait être de longue durée. L’état religieux qu’avait embrassé Prascovie condamnait les vieux parents à vivre séparés de leur fille, et cette nouvelle séparation leur paraissait plus cruelle encore que la première, parce qu’elle était alors sans espérance. Leurs moyens ne leur permettaient pas de s’établir à Nijeni ; sa mère avait des parents à Wladimir qui les invitaient à se rendre auprès d’eux : la nécessité les contraignit à prendre ce dernier parti. Après avoir passé