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Page:Maizeroy – L’Amour qui saigne, 1882.djvu/43

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du village. Quand elle eut fini, Marius lui prit les mains :

— Écoute, Margarîdo, dit-il gravement en patois. Je suis seul, et tu souffres. Veux-tu rester toujours au Mas-Jelus ? Ton rire réveillera ma maison. Ton haleine fera fleurir mes vignes. Veux-tu ?

L’enfant ne put répondre. Une grande joie illuminait ses yeux étonnés. Et, avec une innocence souveraine, enlaçant Marius dans ses bras, elle appuya longuement sur sa joue ses lèvres rouges encore du sang des cerises. Les rossignols chantaient plus éperdûment dans l’ormeau enseveli sous les ombres croissantes, et le lendemain les chèvres revinrent seules au village.