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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/116

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LES PARISIENNES

verdies par les averses d’automne, s’étendait jusqu’aux champs.

Elle s’y accagnardait avec des paresses lentes de femme qui grossit, cahotant de hue et de dia parmi les massifs, car elle boitait de la jambe gauche, tricotant sur un banc au soleil dans la fraîcheur odorante des verdures, ou s’abritant sous un parapluie de cotonnade rouge, quand les fines aiguilles de la pluie rayaient l’horizon gris. Et du plus loin qu’ils apercevaient sa silhouette déhanchée et son bonnet agrémenté de rubans dominant le mur bas, les paysans la saluaient d’un bonjour de bienvenue.

Pas vieille encore. Ni laide, ni jolie, mais ayant une bonté extrême dans les yeux, une douceur de sourire et de regard qui idéalisait la vulgarité des traits.

Bien qu’elle possédât une vingtaine de mille livres de rente, la cousine Eudoxie ne dépensait presque rien et n’avait pour domestiques que deux petites orphelines, deux enfants recueillies dans un hospice de Nancy.

Le cœur était fier et haut placé. Elle eût été la meilleure et la plus aimante des femmes, et