Aller au contenu

Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
DEUX AMIES

de l’art… Est-ce que ça te prend souvent, Stanis ?

Elle eut un rire drôle et, n’attendant pas la réponse de M. de Tillenay, décontenancé par cette sortie inattendue, s’assit au piano. Et un tambourinement de notes tapageuses — le rythme alerte d’une valse dont elle fredonnait les paroles — réveilla le salon endormi. Stanislas avait retrouvé son inertie résignée et suivait d’un regard atone la fumée bleuâtre de sa cigarette.

La cousine Eudoxie, dont Jeanne venait de se moquer si verveusement, était une parente éloignée de Mme Moriceau. Elle vivait toute seule à la campagne, dans un village de Lorraine.

Sa maison, petite et propre, se mirait au fil de l’eau d’un canal, et de ses fenêtres, entre les feuilles tremblantes des peupliers, elle voyait passer les lourds chalands traînés par des haleurs. Son jardin, planté à l’ancienne mode, avec des bordures de buis le long des allées, des charmilles et des statues de plâtre