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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/119

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DEUX AMIES

avec ce méchant bout de femme ! bougonnait-elle, et les lettres que lui écrivait Jeanne, lettres pleines de protestations de commande et de souhaits hypocrites, ne l’attendrissaient pas, augmentaient plutôt sa répulsion instinctive.

Tout son cœur appartenait aux autres. La malheureuse infirme vivait en eux son rêve décevant de bonheur.

Ils s’étaient mariés par amour, n’ayant pas dix écus. Mariés tout jeunes. Ils n’avaient, en effet, pas cinquante ans en additionnant leurs âges.

M. Jacques Thiaucourt écrivait, gagnant son pain dans les journaux, courageusement, et ayant une moyenne de talent ordinaire, — ce qui suffit pour délayer une actualité en trois cents lignes et paradoxer sur le premier sujet venu.

Un beau gars, solidement musclé et dont les traits fins, la moustache cavalièrement retroussée et les yeux d’un bleu sombre plaisaient aussitôt par leur apparence de franchise et de saine jeunesse.

Jacques avait rencontré sa femme dans une