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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/174

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LES PARISIENNES

ciencieusement aux rendez-vous donnés et croyaient aux sous-entendus d’un éventail à demi ouvert ou d’un « shake-hand » qui se prolonge. M. de Grenier parlait de se jeter dans la pièce d’eau du parc et Eva l’y encourageait. Le petit de Guermandes comptait ses cheveux blancs. Le château devenait une telle potinière qu’on n’osait plus proposer même une partie de cache-cache, qu’on ne parvenait pas, après seize répétitions de fâcheries, de rôles rendus, repris puis rendus, à jouer un proverbe assez leste, intitulé : « Tant va la cruche à l’eau… »

Et ainsi surmenée, frôlant de trop près la vie amoureuse pour ne pas être contaminée, emballée dans ce courant de folie qui la prenait tout entière, l’habituait à envisager avec moins de scrupules certaines situations, l’incitait à ne plus être aussi rigidement honnête qu’auparavant, à apprendre, à chercher ce qu’elle ignorait, à goûter un peu au fruit défendu — seulement pour en connaître la saveur, — Mme Thiaucourt glissait sur une pente périlleuse.