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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/180

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LES PARISIENNES

comme transportée dans un rêve. Le crépuscule épaississait l’ombre de la vaste pièce. Et les approches du soir avivaient au dehors le parfum des héliotropes.

Elle l’avait renversée sur la chaise longue. Elle lui dégrafait son corsage avec une émotion fébrile, comme une enfant coquette qui ouvre un écrin de diamants pour la première fois. Et lorsque les seins apparurent pointant ronds et fermes au-dessus des dentelles de la chemise avec leurs bouts roses d’un rose de fraise mûre, elle eut un cri de joie heureux :

— Que tu es belle ! que tu es belle ! s’écria-t-elle, et, comme ayant peur d’en ternir la blancheur intacte, de les meurtrir par un baiser trop fou, elle les effleura peu à peu, comme une gourmande.

Elle avait l’air d’un petit enfant de chœur qui vole, avant de servir la messe, le vin doux des burettes sacrées. Coiffée en garçonnet, rien qu’avec des petites bouclettes soigneusement aplaties, serrée dans un corsage d’amazone avec un col étroit et une cravate blanche, elle cherchait à paraître moins femme, à prendre