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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/179

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DEUX AMIES

Eva la prit dans ses bras avec une véritable violence.

— Je t’adore et je t’adore, — murmura-t-elle, en lui flattant de sa bouche brûlante toute la chair du visage, ses grands yeux, ses fossettes, ses frisons épars sur ses cils, en l’enveloppant d’une caresse lente qui appuyait le sens de ses paroles extasiées — je t’adore, ma jolie… Tu ne veux donc rien voir, rien comprendre… Tu veux me faire devenir folle, me laisser mourir… Tu ne m’aimes donc pas comme je t’aime… Qu’est-ce qui te retient donc encore, qu’est-ce qui t’empêche d’apprendre avec moi le seul, le vrai bonheur ?

Elle se roulait aux genoux de la jeune femme, elle se frottait contre elle, pleurait, riait, et ses baisers montaient des bas de soie, sous lesquels on sent la peau frémissante, aux hanches onduleuses moulées par le foulard souple et transparent de la robe. Elle enfonçait sa tête sous le bras de Luce et cela achevait de la griser, de l’affoler. Mme Thiaucourt ne la repoussait pas ou si peu qu’il semblait que ce fût pour provoquer davantage les sens d’Eva. Elle était