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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/30

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LES PARISIENNES

coup qui les frappait. Elles s’embrassèrent follement, comme si elles avaient voulu aspirer leur souffle et s’en griser pendant toute la durée pénible de l’absence. Et Eva torturait le cœur bouleversé de la petite, exigeait mille promesses, une fidélité de tous les jours, de tous les instants.

De loin comme de près, elles s’appartiendraient, elles vivraient de la même vie, elles s’enverraient de véritables journaux, où leurs moindres sensations, leurs joies, leurs souffrances seraient notées comme en ces examens de conscience qu’on écrit avant de se confesser.

Cette correspondance absorberait leurs pensées, les aiderait à tromper l’ennui des heures lentes et à attendre les jours de sortie, qu’elles passeraient heureusement ensemble chez les parents d’Eva car ceux de Mlle de Luxille voyageaient alors en Italie.

Ô les dimanches de liberté, elles les marquaient d’une croix blanche au calendrier, et ils n’arrivaient jamais assez vite !

Mme Moïnoff recevait justement ce jour-là et