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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/59

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DEUX AMIES

À peu près ruiné, il s’était remis courageusement au travail et représentait à Paris une importante maison de pelleteries de Nidjni-Novogorod. La toison d’or de sa cousine, sa beauté capiteuse et son indifférence dédaigneuse lui avaient enfoncé en plein cœur un amour d’autant plus vivace qu’il le dissimulait soigneusement, qu’il en gardait pour lui seul les ardentes effusions, avec sa timidité honnête de camarade pauvre. Il rêvait de l’épouser, de devenir assez riche pour l’obtenir, de s’en faire aimer, et ses rêves l’attristaient, comme s’il en jugeait l’inanité amère, la réalisation impossible.

Eva le lut dans ses regards qui l’admiraient à la dérobée, dans ses paroles qui devenaient hésitantes quand il lui répondait. Elle devina les sentiments qui agitaient l’existence placide d’Iwan, les idées qu’il caressait malgré lui.

Choisir celui-là ou un autre, n’était-ce pas le même jeu maintenant qu’elle avait pris la ferme résolution de ne pas reculer, d’approfondir le problème ignoré jusqu’au bout.

Il se trouvait sur sa route. Elle n’avait qu’un désir à exprimer, qu’un mot à dire, et cela lui