Aller au contenu

Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
DEUX AMIES

et les menaces des parents. Une maison à tenir, des gens à diriger, les distractions de toutes sortes qui sont le lot d’une jeune femme, l’intimité continuelle d’un tête-à-tête qui, d’abord calme et poli, devient à la longue plus tendre, plus enveloppant, l’occuperaient, l’arracheraient à son idée fixe, à ses habitudes malsaines, aux amitiés antérieures qu’un mari sérieux ne tolérerait point.

Les parents de Jeanne se conformèrent aux instructions du médecin et se mirent immédiatement en campagne.

Mais, malgré le chiffre respectable de sa dot, sa jeunesse, son minois chiffonné de gamine parisienne, la jeune fille était difficile à placer. Elle semblait, en effet, n’avoir d’autre but que de contrecarrer les projets de sa mère et, comme avertie de la conspiration qui se tramait autour d’elle, elle rebutait les épouseurs par ses boutades et ses confidences déplorables. Elle plantait des épouvantails aux abords de son jardin.

Et les marieuses les plus renommées et les plus habiles, — ces perfides douairières qui