dans tous les coins de l’église. Nouveau son de clochette. D’habitude, sa maman va s’agenouiller parmi d’autres dames devant une balustrade aux linges blancs. Elle revient avec une humilité écrasée qui gêne Augustin. Singulière cérémonie et mal explicable. Il est préférable de n’y pas penser. Augustin n’arrive pas à se figurer qu’elle puisse se rapporter à ce même tableau de gloire fleurie, bouquets, feuillages, statues, coloris tendres et cantiques, à cet ensemble singulier qui surplombe la vie de tous les jours, comme un dôme surajouté, décoratif, mais essentiel, partie d’un monde immense de songes, de contes et de jeux.
Du moins apparaîtrait-elle ainsi, cette première vie religieuse, un composé de roses artificielles et de musiques, si elle ne projetait jusqu’au fond de son cœur d’enfant, comme autant de tentacules despotiques et fouillants, les premières gênes de la vie morale.
Jamais sa maman ne réprime un caprice sans dire qu’il a fait de la peine au petit Jésus. Le petit Jésus s’attriste quand on trépigne pour rentrer de promenade. Quand on refuse de quitter la table pour laisser mettre le couvert, au moment précis où l’on applique des couleurs à l’eau sur un grand livre d’étrennes, et que la fin du plaisir, coupée net comme un élastique, se retire déchirante et enchantée. Si l’on répond à la bonne Catherine qu’elle n’est qu’une bonne et qu’elle sent très mauvais. Si l’on rejette hargneusement l’idée que le petit Jésus, lorsqu’il était petit, eût absorbé avec joie, lors des nouvelles lunes, la confiture traîtreusement bourrée de semen contra. Si l’on pleure enfin pour se coucher et qu’on sait bien qu’en comparaison des graves chambres brunes solennisées par la nuit, les lampes de famille sont tièdes et délicieuses.
Tous ces péchés se lèvent des coins anesthésiés d’une conscience d’enfant. Ils se totalisent implacablement à la prière du soir, tandis qu’on espérait qu’ils se dissoudraient tout seuls dans un bienfaisant oubli. Le petit Jésus les sanctionne tous d’un même sourire, triste, et omniscient.
La grosse Catherine reçoit avec une humble morgue des