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Page:Malatesta - Anarchy ; Morton - Is it all a dream, 1900.djvu/28

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ne peuvent disposer que des forces qui existent dans la société, moins toutes celles que l’action gouvernementale paralyse et détruit — et elles sont très nombreuses —, moins les forces rebelles, et moins encore toutes celles qui se consument dans les heurts provoqués par un mécanisme aussi artificiel et qui sont nécessairement très nombreuses. Si jamais ils apportent en eux-mêmes quelque chose, c’est en tant qu’hommes, et non pas en tant que gouvernants qu’ils peuvent le faire. Et ce n’est qu’une partie extrêmement réduite de toutes les forces matérielles et morales à disposition du gouvernement qui est destinée à quelque chose de réellement utile à la société. Tout le reste est consumé dans des activités de répression pour tenir en bride les forces rebelles, ou bien détourné de ce but qu’est l’intérêt commun pour être utilisé au bénéfice d’un petit nombre et au préjudice de la majorité des hommes.

Quelle est la part respective de l’initiative individuelle et de l’action sociale dans la vie et dans le progrès de la société humaine ? On a tenu là-dessus de grands discours tant et si bien que grâce aux artifices habituels du langage métaphysique, on est arrivé à tout embrouiller : affirmer comme certains le font que c’est grâce à l’initiative individuelle que le monde des hommes peut fonctionner, c’est passer désormais pour audacieux. Alors que c’est là une vérité de bon sens, qui apparaît comme évidente dès qu’on cherche à savoir ce que les mots signifient. Ce qui existe réellement, c’est l’homme, c’est l’individu : la société ou collectivité — et l’Etat ou gouvernement qui prétend la représenter — ne peuvent être que des abstractions vides si elles ne sont pas des ensembles d’individus. C’est de l’organisme de chaque individu que tirent nécessairement leur origine toutes les pensées et tous les actes des hommes, pensées et actes qui d’individuels deviennent collectifs quand ils sont ou deviennent communs à beaucoup d’individus. L’action sociale n’est donc ni la négation, ni le complément de l’initiative individuelle : elle est la résultante des initiatives, des pensées et des actions de tous les individus qui composent la société ; résultante qui, toutes choses égales par ailleurs, est plus ou moins grande selon que les forces de chacun concourent toutes au même but, ou divergent et s’opposent. Et si, au contraire, on entend par action sociale l’action du gouvernement, comme le font les autoritaires, elle est bien encore la résultante de forces individuelles, mais seulement de celles des individus qui font partie du gouvernement ou