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Page:Malatesta - Anarchy ; Morton - Is it all a dream, 1900.djvu/27

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Et quelle oligarchie toute-puissante, oppressive et dévoreuse celle qui aurait à sa charge, c’est-à-dire à sa disposition, tout le capital social, tous les services publics, depuis l’approvisionnement jusqu’à la fabrication des allumettes, depuis l’université jusqu’au théâtre d’opérette !  !  !

Supposons maintenant que le gouvernement ne constitue pas déjà en lui-même une classe privilégiée ; supposons qu’il puisse vivre sans créer autour de lui une classe nouvelle de privilégiés et en restant le représentant, le serviteur si l’on veut, de toute la société. À quoi servirait-il donc ? En quoi et comment pourrait-il accroître la force, l’intelligence, l’esprit de solidarité, le souci du bien-être de tous et de l’humanité future qui se trouvent exister à un moment donné dans une société donnée ?

C’est toujours cette vieille histoire de l’homme aux deux jambes attachées qui a réussi à vivre malgré ses chaînes et qui s’imagine que s’il vit, c’est grâce à elles. Nous sommes habitués à vivre sous un gouvernement qui accapare toutes les forces, toutes les intelligences et toutes les volontés qu’il peut orienter vers ses fins à lui ; et qui entrave, paralyse, supprime toutes celles qui ne lui sont pas utiles ou qui lui sont hostiles ; et nous nous imaginons que tout ce qui se fait dans la société se fait grâce au gouvernement et que s’il n’y avait plus de gouvernement, il n’y aurait plus dans la société ni force, ni intelligence, ni bonne volonté. De la même façon, comme nous l’avons déjà dit, le propriétaire qui s’est emparé de la terre la fait cultiver à son profit particulier, en ne laissant au travailleur que le strict nécessaire pour qu’il puisse et veuille continuer à travailler ; et le travailleur asservi s’imagine que, sans le patron, il ne pourrait pas vivre, comme si c’était le patron qui créait la terre et les forces de la nature.

Qu’est-ce que le gouvernement peut bien apporter en lui-même aux forces morales et matérielles qui existent dans telle ou telle société ? Est-ce que, par hasard, il serait comme le Dieu de la Bible qui crée à partir du néant ?

De même que rien ne se crée dans le monde qu’on appelle généralement matériel, rien ne se crée non plus dans cette forme plus compliquée du monde matériel qu’est le monde social. C’est pourquoi les gouvernants