Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/148

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Grec antique, à l’esprit subtil, poète, philosophe, initiateur de civilisations et le primitif sauvage océanien ? Et quelle plus grande ressemblance, néanmoins, qu’entre le verbe néo-calédonien Koundouc (boire) et le substantif grec kundukus (une coupe) ?

Les Polynésiens arrivèrent les derniers dans la contrée, il y a un peu moins de deux cents ans. Leur principale émigration vint de l’île Ouvéa, du groupe Wallis, et, abordant à la plus septentrionale des Loyalty, ils lui donnèrent le nom de leur patrie. Leur grand-chef Ouanéguéï soutint des luttes homériques contre le chef noir Nékara, qui défendait son sol : à la fin, les deux éléments s’unirent et fusionnèrent. Ouvéa dut à cet apport de sang polynésien un développement considérable, elle passa même pour la terre des esprits et les descendants d’Ouanéguéï, élevés au rang de grands enchanteurs, furent consultés avec respect par les chefs de la grande terre, comme le prouvera l’histoire ci-dessous, un peu longue, mais curieuse :

Il était jadis un puissant chef, du nom de Pahouman, qui régnait vers la Tiouaka, grande rivière qui a son embouchure à Wagap. Un jour, il alla se promener, suivi de quelques-uns de ses guerriers ; chemin faisant, ils arrachèrent des cannes à sucre, et Pahouman, avisant un gros banian voisin le montra à ses compagnons, leur disant : « Montons sur cet arbre pour manger nos cannes. »

Ainsi, firent-ils et comme une bande de singes, ils s’installèrent à califourchon sur les robustes branches, cachés par l’épais feuillage. À ce moment, Apitéhéguène, un potentat de petite marque vint à passer sous le banian sans apercevoir ceux qu’il portait. Pahouman, dé-