Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/194

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déjeuner avec nous. Au dessert, il nous proposa une promenade jusqu’à sa tribu.

Il y avait longtemps que le surcroît de besogne m’emprisonnait au bureau. J’avais besoin d’exercice et de grand air : nous acceptâmes. Très heureusement, j’eus l’idée d’emporter mon revolver… qui ne marchait pas.

Malgré ma connaissance du chemin, Malakiné avait tenu à nous servir de guide et insistait pour nous faire passer non par la plage qui, à marée basse constituait le plus court chemin, mais par un sentier de l’intérieur. À un kilomètre du poste, nous trouvâmes une vingtaine de Canaques, labourant, selon leur coutume avec des bâtons pointus, durcis au feu. Ils avaient l’air pacifique et, tant était grande notre foi ingénue en le chef de Diahoué, que nous n’y prîmes garde : cependant, j’eusse pu reconnaître, parmi ces travailleurs apparents, des figures d’Oébias.

Malakiné, de l’air le plus naturel du monde, échangea avec eux quelques mots que nous ne comprîmes pas. Nous continuâmes, un certain temps, à suivre cette route, mais fatigué de ses détours j’exprimai nettement mes préférences pour le bord de la mer et pris cette direction, suivi de mes parents et du chef canaque qui gardait un silence mécontent. Mon mouvement de mauvaise humeur déconcertait évidemment les projets de notre guide, qui, me voyant une arme à feu au côté, pensant peut-être que ce n’était pas la seule en notre possession, avait dû inviter les Oébias à différer leur attaque jusqu’à ce qu’ils fussent encore plus nombreux ou à aller nous égorger plus loin sur la route, de façon que nous ne pussions donner l’alarme au poste. Bien en-