Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/234

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répression sans merci en 71, comme à la capitulation devant l’Attila germain par peur du triomphe de la république sociale en Europe. Les moins sanguinaires ne regrettaient pas outre mesure les cartouches dépensées, le 25 mai, sur les disciples de l’inquisiteur saint Dominique.

Nous avions demandé au commandant de la Loire qu’il nous exemptât d’entendre la messe dite, chaque soir, sur le pont en présence des passagers et de l’équipage, la présence de mécréants renforcés tels que nous ne devant rien avoir de particulièrement agréable au Seigneur. — « J’y assiste bien, moi qui suis protestant ! » nous répondit le « maître après Dieu ».

Ce qui froissait surtout notre amour-propre était l’obligation de nous découvrir devant le prêtre, au moment où l’officier de service prononçait la phrase sacramentelle : « La prière ! » J’émis alors l’idée que monter tête-nue sur le pont, à ce moment solennel, nous dispenserait naturellement de tout acte d’humilité, sans donner prise, cependant, aux rigueurs réglementaires. Cette proposition fut adoptée, au grand dépit de l’état-major clérical, qui guetta l’occasion de prendre sa revanche.

Celle-ci vint : Dacosta, Girault, Fortin, qui faisaient gamelle ensemble, avaient mis de côté, depuis quelques jours, leur ration de vin, pour fêter le plus dignement possible l’anniversaire de la Commune. Brown, avec la clairvoyance de la haine, eut quelques soupçons et, le matin du 18 mars, une inspection minutieuse du capitaine d’armes amena la découverte du pot-aux-roses, suivie de la saisie du pot-de-vin.

Cette confiscation d’un capital liquide formé de l’épargne n’était rien moins qu’un attentat à la propriété.