Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/98

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troisième est de l’espagnol presque pur pique niño (petit garçon). De même, les Néo-Calédoniens me soutenaient parfois, ne les connaissant pas dans leur langue, que les mots caïcai (manger), mou’ye-mou’ye (dormir) devaient être français ou anglais, et mes dénégations les laissaient assez incrédules.

Le bichelamare, où l’anglais domine, est analogue au sabir, parlé sur la côte barbaresque, et au pidgeo nenglish, usité dans l’Extrême-Orient. Qui sait, dans le cas où un bouleversement social de la vieille Europe romprait les liens l’attachant à ses colonies, si ces langues démocratiques et maritimes ne seraient pas appelées à fusionner pour constituer un volapük parlé du littoral marocain jusqu’aux îles Marquises, sur une étendue de six mille lieues !

La langue indigène de Houaïlou, certes moins utile que le bichelamare pour les relations internationales, est bien autrement mélodieuse. Elle contient de fort jolis mots, comme ismami (papillon), nêva (terre), faroui (lune, briller), théô (tonnerre), onomatopée qu’on retrouve dans la plupart des autres tribus. Comme dans tous les dialectes néo-calédoniens, la numération est semi-décimale : on comprend que l’homme de la nature ait été porté à compter avec les doigts, la main fournissait une base métrique toute naturelle. La numération décimale, usitée à Taïti, indique les facultés réflectives d’une race supérieure. De leur côté, les Néo-Calédoniens l’emportent à cet égard sur les misérables tribus australiennes, qui ne pouvaient compter au-delà de deux ou de trois.

Le houaïlou, plus musical que le canala, lui ressemble autant que le touaourou ou nouméa. Cette simili-