Aller au contenu

Page:Malato - La Grande Grève.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Troubon, l’administrateur comptable, homme de toute confiance, se fût entièrement occupé des mines. Par son conseil, des Gourdes avait appelé de Paris un révolutionnaire repenti, un nommé Moschin, pour en faire le chef de sa police, Michet devenant simplement son sous-ordre. D’intuition ou de raisonnement, la baronne comprenait qu’il n’est tel que les renégats pour connaître et frapper impitoyablement leurs anciens coreligionnaires.

Telle était la femme qui avait voué au docteur Paryn une haine froide ou même quelque chose de plus terrible que la haine : la résolution sereine de le broyer, sans colère comme sans hésitation, puisqu’il s’annonçait comme un obstacle entre elle et ses ambitions.

Paryn ne l’ignorait pas. De Mersey même lui parvenaient des avis anonymes l’avertissant et bien que, par nature, il attachât peu de créance aux lettres non signées, il ne pouvait méconnaître l’origine de celles-ci. Elles émanaient de mineurs tremblant que leurs noms fussent connus et qui, cependant, tenaient à mettre sur ses gardes celui qui s’était montré leur défenseur.

Tout cela faisait, en fin de compte, réfléchir le docteur. Non qu’il eût jamais douté de l’animosité de la famille des Gourdes ; toutefois cette animosité s’était jusqu’alors manifestée d’une façon vague, n’indiquant aucun plan d’attaque ; maintenant, il en était différemment. Le baron avait annoncé son intention d’en finir avec Paryn avant de « se présenter » sans doute à la députation ; sa femme avait montré l’arme : la Gazette de Seine-et-Loir.

Paryn connaissait ce journal défenseur de l’exploitation capitaliste et de la réaction politique, sous la formule « républicain conservateur ». Deux ou trois fois, déjà, il avait été pris à partie dans cette feuille avec une mauvaise foi absolue.

— Ah ! Mme la baronne veut me faire dévorer par